Dans la plupart des civilisations « primordiales » l’instinct guerrier est stimulé, encouragé, célébré…
Question de survie direz-vous : lorsque l’on vit dans la nature il est important de savoir se défendre de ses dangers, et d’être au maximum de ses capacités physiques et « mordantes » pour chasser les proies dont nous avons besoin pour manger.
Tout ça en somme ce serait simplement archaïque… car nous, nous sommes civilisés et l’instinct guerrier ne serait alors qu’un reliquat désagréable d’une époque lointaine dont nous sommes bien heureusement sortis grâce à la technique, l’agriculture, l’avènement du confort…. Nous serions, dans cette perspective, et à conditions de réfréner ces instincts inutiles, proche du paradis, où, à quelques réglages près, l’abondance est accessible à chacun sans lever le petit doigt.
Fort heureusement pour l’animal en nous, les choses ne sont pas si simples : les études réalisées sur les ossements humains de différentes époques semblent montrer que l’humain n’a jamais été aussi fragile et en mauvaise santé qu’actuellement, et que plus globalement, la vitalité, la puissance et même la taille du cerveau n’ont fait que diminuer depuis la fin du paléolithique.
Derrière la célébration de la force guerrière, derrière tous ces rituels de passages qui sont quasi absents de nos civilisations, derrière tous ces moments qui requièrent bravoure et engagement, il y a une notion fondamentale propre à tout être vivant : le pouvoir personnel.
Pouvoir personnel, un mot qui peut faire peur, que l’on amalgame souvent au pouvoir que l’on peut être tenté de prendre sur les autres. Nous confondons pouvoir personnel et domination.
C’est une longue histoire qui nous a éloigné de cette notion, une histoire aussi vieille en fait que la domination. Partout où des castes et des individus se sont instaurés « supérieurs » aux autres, souvent sous le motif de protéger, il a été nécessaire de réduire le pouvoir de la masse.
En occident nous sommes héritiers d’une forme de réduction du pouvoir légitime de chaque individu d’une grande ingéniosité : la culpabilité. Les religions judéo-chrétiennes ont été porteuse d’une énorme manipulation beaucoup plus efficace que la répression qui s’est introduite dans l’inconscient de générations et générations : « être puissant c’est mal ».
Incroyable message anti-vie au service du pouvoir d’un petit nombre.
La conscience de son propre territoire, de ses propres limites, de la légitimité de ses propres besoins requiert de la puissance. Sans cette puissance, il est impossible de se dresser comme un individu singulier.
Lorsque la puissance est réprimée, elle explose sous forme de colères, car la puissance est indissociable de la vie. On peut choisir d’expulser cette violence en participant aux guerres de notre nation ou en hurlant contre une équipe de foot adverse à la « nôtre »…. ou décider de réinvestir cette puissance à notre service.
Dans la vision des Neuf Souffles, la puissance est la base de notre construction : dans le cercle de notre alchimie, elle vient juste après l’élan vital… elle porte le redressement après lequel vient l’amour, les liens, la connaissance… etc. Sans puissance, rien ne commence.
Mais de quelle puissance parlons-nous ?
Une puissance au service de qui nous sommes est fondamentalement pacifique et intransigeante, car au fond de chacun de nous, il y a une perle unique qui rêve de donner le meilleur d’elle-même au monde et qui n’a pas pu, ou n’a pu le faire que partiellement jusque là. Une puissance qui, nous le pensons, est source d’harmonie et de paix dans le monde, un monde dans lequel les individus pleins de leur force peuvent échanger et créer ensemble, en vertu de leur nature singulière unique.
Retrouver cette puissance-là est un long chemin. C’est le chemin progressif du guerrier pacifique qui doit se reconquérir lui-même. Nous devons retrouver ces trésors en nous, nous devons comprendre et réintégrer nos vieux mécanismes de défense et nous devons passer de la colère enfouie à la force…
Nous sommes à un croisement de l’humanité où la colère refrénée est source de guerres et de maltraitances trop nombreuses pour que même notre survie en tant qu’espèce soit garantie… et à une période où de plus en plus de personnes rêvent d’un autre monde sans avoir forcément les moyens de rencontrer leurs propres mondes intérieurs.
C’est pour cela qu’il est fondamental de faire un chemin en soi, et principalement dans son corps… c’est un choix absolument vital, pour nous collectivement et individuellement.
Puissions-nous nous réjouir bientôt, tous humains sur Terre d’être tous beaux et puissants !
C’est aussi le thème du prochain stage de 5 Jours sur ce thème « renforcer son pouvoir personnel » que nous organisons à Hélette au Pays basque. Je vous encourage vivement à aller voir ce que nous vous proposons !
Nicolas BERNARD
Bonjour Nicolas,
Quelques réflexions de ma part: « la taille du cerveau n’a fait que diminuer depuis la fin du paléolithique » mais peut-être pas le réseau complexe du cerveau? D’autre part, ce qui m’ a d’abord interpelé, c’est le mot « pouvoir » car je l’ai bien souvent associé au pouvoir de contrainte que l’autre a sur nous; mais l’adjectif joint « personnel » me ramène aux possibilités personnels de se défendre, surtout dans notre société où » les hommes (ou femmes) de pouvoir » nous enjoignent d’obéir servilement.
cordialement
christine Ketterer
Merci pour ce bel et éclairant article !
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Merci Nicolas,
Ce texte arrive à point. De retour d’une expérience d’enseignements amérindiens, j’ai reçu comme message, en tirant mon animal totem du moment : « Accepte ta puissance ». Et à mon retour, je découvre ton article. La magie opère. Je m’accompagne quotidiennement, depuis peu, des cartes du corps, toujours incroyablement justes. Merci pour ce que vous faites.
Très juste et très stimulant, ce texte.
Il nous rappelle aussi, en creux, combien l’expression naturelle de la puissance des enfants effraye la plupart des adultes qui n’ont pas trouvé la leur…
Cette démarche par chacun promet de beaux lendemains à tous. Alors bon stage …
Geneviève
Votre texte me paraît vraiment pertinent en ces temps où l’Amour est « vendu » comme étant l’outil miracle propre à supprimer tous nos maux. Sans vouloir nier le pouvoir de l’Amour, je dirais comme vous, que cet outil ne peut libérer ses Vertus que tenu en toute verticalité et toute force. Il est nécessaire de le rappeler et d’oeuvrer chacun à notre manière sur cette libération. Merci à vous.
» Nous confondons pouvoir personnel et domination »
N’est-ce pas la même chose ? La domination c’est un lien entre une personne qui a abandonné son pouvoir et une personne qui a choisi d’exercer son pouvoir vers l’autre. Un être qui porte son pouvoir, face à un autre être qui ne le porte pas ne dois pas exercer son pouvoir vers l’autre, sinon il devient soit dominateur soit sauveur, ce qui revient à une domination. L’exercice de son pouvoir vers soi-même peut aussi rencontrer des pièges. Le pouvoir n’est pas le contrôle, le pouvoir vers soi n’est pas la domination de certaines de ses propres parts, sinon on tombe dans l’autoflagellation. Le seul pouvoir est de choisir.