Je sais un sourire à l’intérieur de moi, un émerveillement de la vie, une envie d’aller avec et de se réjouir. J’ai une âme d’enfant qui croit en l’innocence des choses, dont le cœur s’ouvre spontanément à l’immense caresse de l’air, qui va amoureusement se déposer dans le creux des yeux de la grande dame qui veille sur la Terre… une âme qui aspire au bercement d’infinie douceur, qui sait le vaste pouvoir des rêves.
Grande mère de dentelles et de lames fines, tu peux cueillir ce sourire simple qui s’élève de moi.
Tu es tendresse pour ceux qui croient en toi, tu es larmes pour les autres… car c’est toi qui pleure pour ce gâchis d’amour qui tombe en pluie inutile sur tes enfants aveugles.
Grande mère, en toi se mêlent violence et enveloppement ! Tu n’es pas pure tendresse comme aiment à se le dire les âmes complaisantes. Tu n’es pas et tu ne seras jamais distributeur automatique pour enfants capricieux. Ton désir est de nous voir dressés et dignes. Ton exigence est de nous voir devenir le meilleur de nous-mêmes.
Tu pourrais faire déferler le feu sur nous plutôt que de nous voir ramper trop longtemps.
Et c’est ce que tu fais.
Chaque coup du sort nous vient de toi, chaque pique que la réalité nous envoie vient de tes grands bras.
Mère terrible, Mère terriblement aimante, Matrice immensément exigeante…
Apprendre à se laisser porter dans ton immense générosité.
Ne pas faire à ta place et ne pas s’avachir.
Danse constante semblable au cœur qui bat alternativement de ses quatre loges.
Danse de la rencontre de mon propre centre, de mes propres limites.
Apprendre à tisser avec toi la dentelle, à laisser mes propres bras être portés dans leur ouvrage, à laisser mon sourire être intéressé, à me donner de tout mon souffle… à m’oublier dans ce flot sans me perdre.
Tu es un contenant qui me fait grandir, dans ton giron pulse mon centre, grandit mon feu.
Dans tes limites sans complaisance, mon feu ne peut s’échapper.
Tu n’attends rien d’autre que de voir cette petite pousse s’orner de puissance, de dignité, d’abondance… qu’elle puisse s’offrir au monde, accrocher de nouvelles étoiles dans le ciel, être un creuset de rêves nouveaux pour le monde et des semences solides pour l’avenir.
Mère terrible, Mère généreuse, le battement de ton cœur parfois m’écrase et me fait souffrir.
Je me sens petit et je sais la musculature que je dois développer pour être capable de te recevoir, je connais le goût de la discipline qui me permet de pouvoir être aimé.
Mère immense, tu donnes le goût des efforts justes, tu leur donnes sens.
Enfant au devant de ma locomotive, sur les rails de ma vie dans ce grand univers, Mère entière, tu relaies mon feu et donnes forme aux rêves que je découvre avec toi.
merci Nicolas, la grand-mère qui vit en moi parmi tant d’autres personnages est très touchée, émue, joyeuse et heureuse.