Le corps humain est fait pour l’alchimie, et celle-ci ne se fait pas selon un processus linéaire. Le corps se forme par phases d’évolutions à pouvoir accomplir sa fonction, jusqu’à l’âge responsable, puis continue à traverser différents stades de maturation par la suite. Notre vie est faite de plusieurs cycles imbriqués. Ceux-ci sont physiologiques. Ils montrent qu’au dedans de nous, nous avons comme une horloge qui est l’image des cycles externes. Par les rythmes internes, en lien avec les rythmes externes, nous sommes en vie, car la vie est cycles. Lorsque cette étincelle cesse, nous mourrons.
Le passage d’un cycle à un autre est considéré comme sacré par les sociétés traditionnelles et est accompagné de rituels spécifiques. La bascule d’un état à un autre est rapide, comme le sont les mues des reptiles.
Avec ou sans rituels appropriés, ces mues ont lieu. Cette force de transformation est puissante comme la Terre, c’est l’essence de notre corps. Rien ne peut totalement empêcher cette vague. Même une carapace psychique puissante et résolue à ne pas grandir ne peut grand chose contre elle. Ce sont des initiations naturelles.
Lorsqu’une de ces vagues de transformation touche quelqu’un, tout l’entourage est concerné, car c’est l’équilibre relationnel qui est bousculé. Ce sont des moments merveilleux et en même temps souvent difficiles. Il est possible d’en tirer profit alchimiquement. À condition de dire au moins Oui à ce que quelque chose d’inconnu advienne.
Par exemple une naissance ne peut réellement laisser indemne une famille, et pas seulement la mère qui porte l’enfant. J’ai personnellement deux enfants… et je me souviens très bien qu’à chaque naissance, j’ai eu la sensation que mon cerveau s’effritait et perdait ses repères. Et avec du recul, je vois bien que l’arrivée de chacun de ces enfants a marqué pour moi le début d’une nouvelle phase de vie.
L’entrée dans l’adolescence est également une phase fondamentale durant laquelle toute l’organisation familiale va être reconsidérer… je ne vais pas détailler ici toutes les phases de la vie, qui nécessitent une compréhension plus poussée des lois de processus pour être mieux caractérisées. Je le ferai dans un autre livre. Je voulais juste ici pointer du doigt l’existence et l’importance de ces moments précieux que la vie nous offre, que nous soyons ou non sur un chemin conscient d’évolution personnelle. Notre réalité tout entière leur est en réalité liée. Nous sommes cycles, et il est clair pour moi que sans eux et les phases de transition entre eux, aucune évolution ne serait simplement possible.
Il y a une phase de vie qui mérite tout de même un mot de plus ici, c’est la mort :
lorsqu’une personne meurt, il semble qu’en général tous ses liens de nutrition réciproque se délient. C’est pour cela qu’elle voit sa vie défiler : les choix se lèvent et la loi du silence qui maintenait certains événements de la vie dans l’inconscience se lève avec. Cela ne signifie pas que si la personne meurt réellement, elle soit libérée pour autant : cela montre qu’il y a une énorme opportunité d’être en paix avec les choix passés et de laisser de la place à de nouveaux. Il est clair que le cheminement de la personne durant sa vie aura un impact sur le fait qu’elle saisisse ou non cette opportunité.
Dans le même temps et pour les mêmes raisons, la mort d’une personne ouvre un espace de possibles gigantesque pour tous ceux de son entourage qui ont la possibilité d’établir de nouveaux choix en eux. Le non-accomplissement de ces nouveaux choix est un gâchis qui rend le deuil très douloureux… c’est comme de ne pas ouvrir un cadeau : le cadeau de nouveaux possibles que font les morts à leurs proches.
Voilà pourquoi il est vital d’honorer les morts !