Un corps pour évoluer
en finir avec la croyance que l’on guérit le corps par l’esprit
Faire parler les corps
Je suis aujourd’hui thérapeute manuel.
Les personnes qui viennent me voir le font non pas parce que je vais les « remettre en place », mais parce qu’ils savent, plus ou moins consciemment, que j’ai développé une approche du soin manuel qui ne contraint pas le corps, et qui à l’inverse le fait parler.
Je ne fait rien faire aux corps : je pose simplement mes mains en certains endroits que le corps lui-même m’indique au fil des questions que je lui pose et j’écoute en chacun de ces endroits « ce qu’il raconte »… quelque soit le symptôme de départ, jamais je ne manipule.
Je reçois des gens de tous bords pour toutes sortes de problématiques, physiques, émotionnelles, mentales, relationnelles… et tous viennent me trouver parce qu’ils pensent d’une part que par mon écoute de leur corps je vais mieux les aider à se comprendre, et d’autre part que je peux par cette même écoute permettre en eux des changements qu’ils ne pourraient pas obtenir par leurs propres efforts.
Je suis une espèce de confesseur des corps, qui, à la manière de certains prêtres orthodoxes, ne questionne pas la personne pour qu’elle parle, mais qui lit en elle et lui redonne le contenu de ce qu’elle porte comme poids, afin de soulager son âme et lui permettre de s’élancer dans un chemin nouveau.
Je considère que tous les déséquilibres du corps ont des raisons et qu’exercer une action pour « ré-équilibrer » est en fait une violence. Mon expérience thérapeutique me montre que de très nombreux symptômes, même soit-disant non physiques peuvent disparaître dès lors que le corps livre ses raisons de les avoir créés et que l’on sait les accueillir correctement.
Le corps est un être intelligent, sensible.
Pour redécouvrir cela, il faut écouter, ressentir, ouvrir tous nos sens. Cela nécessite de l’entraînement, mais après avoir initié des dizaines de personnes à cette approche, je sais que tout le monde y a accès, à condition de savoir comment s’y prendre et d’être bien guidé.
Comme je vais le développer dans cet ouvrage, la communication avec le corps n’est pas un don réservé à quelques uns… c’est la condition naturelle de l’être humain.
L’expérience de l’approche de l’esprit-corps
Je n’ai pas toujours été thérapeute.
Depuis très jeune, la question qui me guide est : « qu’est-ce que la pensée ? »… convaincu de devoir apporter une réponse à cette question, je me suis orienté vers la carrière de chercheur. Au fil de mes études, je me suis intéressé à diverses branches de ce que l’on nomme « sciences cognitives », c’est-à-dire à tout ce qui touche à la compréhension des mécanismes de la pensée : étude de la physiologie du cerveau, de la dynamique des réseaux de neurones, du lien émotions-pensée, des mécanismes du langage et de l’apprentissage, philosophie de l’esprit et étude des maladies mentales.
Je me suis aperçu que je n’avais pas le moindre intérêt pour l’étude de paramètres que je jugeais « périphériques » comme le langage, les émotions ou bien l’apprentissage. Il y avait une question qui me fascinait et que j’avais envie de résoudre de toutes mes forces : celle de la conscience.
Ce que l’on nomme conscience est ce qui observe : elle n’est pas l’ensemble des phénomènes de notre pensée, mais ce qui les englobe (enfin, en tout cas lorsque nous sommes conscients). C’est un point paradoxal : si le cerveau produit la pensée, comment peut-il s’observer lui-même ?
À ce stade de questionnement, je me heurtais, comme tous les spécialistes de cette question de l’époque, à un mur logique. Pour beaucoup la question était soit insoluble soit inintéressante.
Nombreux étaient les chercheurs qui définissaient la conscience comme un « épiphénomène » : un truc dont on se sait pas ce que c’est, qui finalement n’existe peut-être même pas et dans tous les cas qui ne change rien à rien.
« Qui ne change rien à rien » : cette petite remarque d’un chercheur dans un ascenseur eu sur moi l’effet d’un déclic : toute la réflexion des sciences cognitives était biaisée car elle était fondée sur un paradigme de base jamais exprimé ni remis en question : la pensée serait forcément un produit du cerveau, donc d’un processus mécanique, et tout ce que l’Homme est capable de faire, une machine devrait en être capable également.
Homme-machine.
To be or not to be.
Atterré par cette prise de conscience, je passais de longs moments en divagations mentales, sans bien savoir quoi penser de ce fameux paradigme qu’il était fortement tabou de remettre en question, et même d’évoquer… c’est dans cette période que j’ai eu, par des moyens délibérés, accès à ce que l’on nomme des « états de conscience modifiés ».
Ce fut pour moi la révélation.
Je vivais concrètement la possibilité d’être vaste comme l’univers, de fusionner avec les étoiles, de plonger dans l’histoire des pierres et des lieux, de « voir » les gens, dans leur sincérité drapée de personnalités froides, de m’identifier au silence intérieur, de connaître ma puissance comme une force qui ne m’appartient pas. J’ai pu goûter à la fontaine de l’éternité et j’ai pu m’abîmer dans des évidences grandes comme des grains de poussière.
Je sus que ces états étaient des aperçus de la normalité, la vraie, et que dans notre quotidien, nous sommes réellement, objectivement, dans des états altérés de conscience.
Par ces expériences, l’emprise qu’avait sur moi le paradigme de base des sciences cognitives vola en éclats : à quoi bon chercher à mettre dans une boîte une chose qui n’en est pas une, un phénomène qui est nous-mêmes et qui n’a ni forme propre ni limites ?
Je perçus les limites évidentes de la recherche scientifique, et surtout, je vis que derrière ma quête de compréhension de la pensée et de la conscience s’en cachait une autre, plus intime, de réalisation de soi.
Ce fut la fin pour moi de ce que j’appelle aujourd’hui l’approche de l’esprit-corps.
Une vision matérialiste de l’être humain, où tous ses mécanismes de pensée et même de conscience ne seraient que le résultat de programmes mécaniques.
La confrontation au réel
Cette prise de conscience n’était pas, bien évidemment, une fin, mais le début d’un chemin dans lequel se mêlent encore aujourd’hui, en permanence, besoins personnels et recherche de connaissance.
Expérimenter la vastitude de la conscience ne veut pas dire que l’on sait y revenir à volonté !
Cela ne signifie pas non plus que l’on ait tout compris sur le fonctionnement de l’esprit.
Cela signifie encore moins que l’on soit libéré de nos compulsions et autres tares psychologiques.
Cela n’a pas été mon cas, bien au contraire : à travers ces expériences, je passais d’un état d’arrogance mentale, convaincu de la perfection de mon esprit et de l’exactitude de mes pensées, à un état de confusion intense doublé d’une prise de conscience forcée de mes limites comme individu, avec mes souffrances refoulées depuis mon enfance que je redécouvrais.
La vie m’avait descendu du piédestal de savant qui observe, classe et juge de tout en haut, sans jamais se salir les mains ni être affecté dans sa personne, à celui de petite chose prise dans la machine à laver !
Le paradoxe de mes expériences mystiques, c’est que au lieu de me faire partir dans des dimensions éthérées de l’être, j’ai la sensation qu’elles m’ont précipité de force sur Terre, dans ma propre matière et ses complications.
C’est dans cette confrontation au réel de ma nature, doublement guidé par une quête de savoir permanente et un besoin de reconstruction impérieux, que s’est forgée l’approche dont la base est présentée dans cet ouvrage.
Elle est le contre-pied non seulement de l’approche scientifique classique, mais aussi d’une assertion encore largement partagée dans les milieux de la médecine alternative qui est que l’esprit influence le corps.
Le retour au corps
Lorsque l’on expérimente que la conscience est plus vaste que notre corps (en tout cas ce que nous entendons habituellement par corps), il y a une forte tentation à se désintéresser de celui-ci pour partir à l’exploration des « royaumes célestes ».
Personnellement, j’ai eu la chance de cheminer sur trois voies essentielles toutes ces années, qui ont maintenu mon attention dans la direction inverse : le chamanisme d’une part, la danse de l’autre, et la thérapie manuelle enfin.
Le chamanisme que j’ai vécu n’est pas ésotérique, les enseignements que j’ai reçu à ce sujet ont toujours été bruts, pragmatiques, et liés aux pratiques effectuées. Je remercie pour cela d’avoir rencontré des enseignants qui s’étaient allégés du traditionalisme et qui avaient la capacité de proposer un chemin individualisé.
Contrairement à ce que j’entends souvent, par le chamanisme, je n’ai pas eu réellement de visions, ou de connaissances de mes esprits alliés, ou reçu un savoir sur les lois de la roue médecine ou autre… en tout cas ce n’est pas ce que j’en retiens de plus fort. Le plus remarquable pour moi aura été, dès le premier rituel pratiqué, le fait de me sentir totalement dans mon corps, absolument présent. Sensation que je recherchais en vain par la méditation depuis des années. En ayant retrouvé cette base de mon corps, mon esprit s’est simplifié, mon intuition s’est renforcée et ma capacité à soutenir mon intention s’est installée, me permettant à mon tour de guider des groupes.
Dans le même temps et encore aujourd’hui, j’ai appris à aller me mettre en relation pour cueillir ce que ce corps porte en lui, par une danse très particulière. Cette danse m’est transmise par ma femme, unique héritière de Yvonne Berge, descendante spirituelle de Isadora Duncan, et porteuse d’une approche du corps et du mouvement radicale et rare, nourrie de cet héritage et de son propre chemin spirituel. Dans son enseignement, le corps n’est définitivement pas une chose, mais un jaillissement de vie et d’intelligence, et nous apprenons avec elle non pas à le faire danser, mais à être dansés par lui.
Grâce à elle, j’ai pu expérimenter concrètement le fait de revenir encore et encore vers mon corps avec cette attention que l’on doit à un allié intelligent.
Toujours dans le même temps, un axe important s’est imposé à moi suite à mon « évasion » du monde scientifique : il m’est apparu que j’avais le désir profond de venir en aide aux autres, dans une approche spirituelle. Ceci aurait pu me mener vers différentes pratiques psychologiques ou énergétiques, mais une autre évidence s’est imposée à moi, via mon premier fils : celui-ci, alors bébé passait des heures à regarder sa main… ou plutôt : à être sa main. Cette évidente unité m’a touché et je me suis dit que je devais mettre mon cerveau au service de mes mains.
Sans rien connaître à l’ostéopathie, je me suis engagé dans une formation qui, c’est ce que je recherchais, proposait une approche dénuée de manipulations, dans laquelle la main sert à ressentir et à transmettre l’intention d’un rééquilibrage.
Ces trois approches ont été fortement complémentaires pour moi, me poussant à garder le cap d’une écoute à la fois spirituelle, vivante et précise du corps.
L’évidence du corps-esprit
Les années passant et ma pratique de thérapeute s’approfondissant, je me trouvais de plus en plus souvent confronté à des situations pour lesquelles je n’avais pas de réponses satisfaisantes.
En voici un exemple particulièrement parlant :
Un homme, 55 ans, vient me consulter pour des migraines, une paralysie faciale et une nuque bloquée depuis 2 ans, suite à accident de voiture (choc par derrière et coup du lapin… classique et très cohérent en bio-mécanique). Incapable de conduire, c’est sa fille qui l’amène.
Déjà versé dans la recherche de sens des symptômes, je discute avec lui et comprends que l’accident a eu lieu peu de temps après avoir été viré de son travail (dans les assurances). L’accident lui-même est l’image de son licenciement : un sale coup par derrière. Les symptômes quand à eux sont le reflet clair de son éprouvé : la migraine pourrait correspondre à la dévalorisation (il est viré pour un plus jeune que lui), la paralysie faciale à la culpabilité (j’ai mal fait) et les cervicales au fait d’être coincé dans un scénario non choisi. Fort de cette compréhension, je traite en ostéopathie : sans manipulation, mais avec une intention corrective.
Deux semaines plus tard, je le revois, exactement dans le même état. Je commence par être dépité, mais sa file me dit que 3 jours après la séance, sa nuque bougeait, ses migraines s’étaient calmées et son visage redevenait mobile… tant est si bien que pour la première fois depuis 2 ans, il avait repris sa voiture… … … et il a eu un accident. Au même endroit que deux ans auparavant… par derrière… avec coup du lapin…Tous les symptômes sont revenus.
Suite à cela, je l’ai revu plusieurs fois, sans jamais le libérer complètement, mais lui apportant un soulagement progressif qui semblait lui convenir.
Qu’est-ce qui cloche dans une situation comme celle-là ?
Pourquoi est-ce que je n’ai pas pu l’aider réellement ?
J’avais mis du sens sur ses souffrances, j’avais équilibré son corps en douceur, il s’était rééquilibré, et ensuite tout se met en place pour revenir à l’état déséquilibré. C’est de la folie !
J’ai failli à cette époque arrêter toute pratique manuelle. J’ai commencé par me dire qu’équilibrer le corps ne sert à rien, que ce qui prédomine ce sont les causes psychiques, et que rien n’avait de sens en thérapie sauf d’amener le patient à guérir dans son esprit.
J’étais donc dans cette pensée très en expansion aujourd’hui comme quoi la pensée influence le corps… et peut tout.
Et pourtant… en m’en tenant à cela, je n’étais pas satisfait. Mon expérience du chamanisme, de la danse et ma palpation corporelle me montrait une dimension de la matière au travers du corps tellement vaste, animée, surprenante et surtout enseignante que je ne pouvais me limiter à considérer que l’esprit est tout puissant et que le corps s’adapte à nos pensées.
J’ai comme beaucoup actuellement tenté d’appliquer les « trucs » de la pensée positive pour améliorer ma vie, mais le constat que j’en fais maintenant est que ce n’est que de la maltraitance.
C’est de la maltraitance car c’est une attitude qui ne tient pas compte qu’une profonde, insondable sagesse réside dans ce corps, et que tant que l’on ne se met pas à l’écoute de cela, nous ne faisons que manipuler ce corps, que nous manipuler.
Je ne remet pas en question la force de l’esprit, je constate juste que lorsque l’on fait des efforts pour emmener ce corps dans une direction dont au fond nous ne savons pas si c’est la bonne pour lui, nous avons systématiquement droit à un retour de bâton. Si vous mâtez un animal, vous aurez tôt ou tard de mauvaises surprises… si vous vous basez sur l’envie qu’il porte naturellement en lui, vous aurez un merveilleux compagnon.
La volonté de sortir de cette croyance que l’on peut faire faire au corps m’a emmené encore plus loin, puisqu’elle m’oblige à en regarder toutes les implications et me met dans la nécessité d’un rapport direct avec cette intelligence-là.
J’ai été en particulier amené à reconsidérer entièrement la question des rapports corps-esprit, jusqu’à la définition même de ce que l’on nomme esprit…. pour finalement, ce qui est le thème de ce livre, affirmer l’unité corps-esprit, c’est à dire de définir la pensée comme une activité du corps.
Ceci m’a aussi, évidemment, amené à m’interroger sur la fonction réelle de ce corps-esprit, et donc sur la nature de son activité. Les relations de ce corps-esprit avec notre être total, c’est-à-dire avec notre essence divine nous font basculer dans une vision alchimique de l’être dans lequel le corps joue un rôle central, que l’on peut comparer à ce qui se passe dans le fourneau des alchimistes, l’Athanor.
Dans cet ouvrage, la logique fondamentale du fonctionnement de cet Athanor, de ses liens à notre être « divin », à notre conscience, ainsi que les déviations de son fonctionnement et les implications que ces considérations ont sur la santé et les moyens de la rétablir sont largement abordés et accessibles à tous.
L’application de grilles de compréhension de ce corps-athanor est un développement de ce regard, qui mène à une nouvelle symbolique corporelle, qui fera l’objet d’un autre livre.
Changer le monde
Avant d’entamer la matière du livre, je tiens à mettre en lien ce qui a été introduit plus haut avec ce qui se vit aujourd’hui dans le monde, car je crois que ce que l’on fait en nous-même dans le plus intime s’accomplit dans le plus vaste. Le macrocosme est l’image du microcosme.
Dans l’exposition de mon parcours et de mes motivation, j’ai omis de mentionner que j’ai hérité d’une âme de militant et que je suis toujours porté par des idéaux d’une société juste, libre, forte.
Aucune des recherches que j’ai effectuée sur l’esprit, le corps et la santé ne sont en réalité déconnectées de cette motivation « sociale ». Je peux même dire que ma foi en un monde meilleur est le moteur de tout cela et m’y a amené, comme un moyen pour atteindre ce but.
C’est également dans le but de contribuer à changer le monde que j’offre ce livre à la connaissance générale.
Le défi dans le quel je me suis mis comme thérapeute mais qui est aussi, j’en suis sûr, le défi de notre temps, est de sortir d’une attitude qui colle à la peau de notre société depuis des millénaires : la tentation du Faire. Nous devons développer la capacité inverse qui est : « ne-pas-faire ».
La société occidentale, avec ses écueils évidents, est basée sur cette compulsion de l’Agir : on fait faire, on exploite, on éduque, on redresse, on régule, on organise, on régente et on se fait des idées sur tout ! L’emploi du temps de la femme et de l’homme moderne laisse peu de place au ne-pas-faire. Lorsque la succession du métro-boulot-dodo à laquelle on doit ajouter celle du courses-enfants-démarches administratives-repas-vaisselle-ménage sont terminées, il y a maintenant la sollicitation du télé-ordi-téléphone portable… qui n’est absolument pas un ne-pas-faire, mais une saturation passive de faire.
Comment ne-pas-faire sans s’endormir, sans fuir ?
C’est écouter ce qui est là.
Et qu’est-ce qui est là ?… il y a ce qui est là dans ce monde : le sol, les murs, l’air, les arbres, le chant des oiseaux.
Comment puis-je les connaître, comment me mettre à l’écoute alors que ma pensée ne cesse de cavaler d’un Faire à faire à un autre ?… il faut recevoir le monde en soi, lui faire de la place. Et le seul endroit où nous pouvons lui faire de la place, c’est dans la seule chose que nous ayons réellement de concret à nous, notre corps. Le seul espace où nous pouvons développer notre capacité de contemplation, c’est ce corps que nous avons. Nous devons nous ouvrir à sa faculté de percevoir, de ressentir, de goûter… et en lui, seulement en lui, nous pouvons recevoir ce qui est là.
Par cette approche nous pouvons sortir de ce qui n’est ni plus ni moins, que de la mécanique… l’enchaînement des Faires ne produit ni paix ni nouveauté, alors que lorsque l’on se laisse ne-pas-faire, un apaisement de produit et des idées neuves jaillissent.
D’où naissent les idées neuves ?
Dans ce livre je vais développer cette idée que l’espace de notre corps est cette fontaine de nouveauté, ce trésor à notre disposition vers lequel il faut se pencher juste de la bonne manière pour en récolter les fruits !
Cela signifie, selon moi, que pour produire de la nouveauté constructive dans ce monde, il n’y a qu’un moyen : mettre le corps au centre.
Hélas, là encore les écueils sont nombreux : mettre le corps au centre veut dire : se pencher vers lui pour laisser de la place à sa parole, comme on le ferait avec un conseiller, et lui donner l’opportunité de déployer son potentiel.
Je tiens à préciser que ceci n’a rien à voir avec le culte du corps promu par la mode et le sport : le sport est dans une large mesure une maltraitance infligée au corps pour se conformer à des attentes liées à des codes extérieurs, c’est une approche où l’on fait faire au corps, dans un souci de performance. Quand aux codes esthétiques de la modes, ils sont au service d’une normalisation du corps et certainement pas d’une mise en valeur de celui-ci.
Changer le monde veut donc dire que pour tous, même pour les professionnels du corps, il va falloir apprendre à développer une nouvelle attitude et de nouvelles pratiques, réellement à l’écoute de nous-mêmes !
Comme un gant que l’on retourne, il est probable que tous les moyens soient en place pour ce monde meilleur, et qu’il faille simplement, résolument, inverser notre façon de voir les choses.
C’est certainement cela la fin du monde.