Savoir où l’on va… un proverbe africain dit : si tu ne sais pas où tu va, regarde d’où tu viens.
Ce proverbe illustre magnifiquement ce que le symbolisme du corps à la lumière de l’alchimie enseigne : en arrière plan de l’Enfant qui jaillit dans la vie relié à la source de vie, à l’infinité des potentiels, il y a le Sage, celui qui a traversé les âges et qui sait devenir un avec la connaissance de la Terre. Comme ces vieux assis sur le bord des places, immobiles qui se confondent aux roches sur lesquelles ils sont assis, le sage ne se voit pas, il n’a pas besoin de parler. Il est et vibre avec tout ce support : les cristaux dont sont faits les roches sont la mémoire de la Terre, et il arrive un âge où l’on devient comme eux : sans identité propre, presque invisible, et pourtant tellement puissants.
Sans cette puissance, l’enfant n’aurait pas cette innocence, sans ce calme, l’enfant n’aurait pas cette paix, sans celui qui sait en arrière plan, l’enfant ne pourrait être une source de chose nouvelles.
Ainsi vont les cycles.
Dans le Sage se déposent toutes les expériences du passé, tout le parcours de vie qui naît de la Terre, traverse le monde des hommes, rencontre le ciel et revient se déposer au sol.
Il est gardien de ce savoir accumulé qui dit d’où l’on vient, qui en a retenu l’essentiel, qui a épuré les scories pour retenir la structure cristalline… tellement essentielle, tellement vibrante que bien au-delà des mots, de la compréhension, elle pointe l’évidence du sens de notre chemin et de là où nous allons.
Le Sage est le gardien du chemin de vie.
Dans le corps, c’est essentiellement la zone du sacrum qui remplit cette fonction : lovée en arrière comme le Sage en arrière de la place, il veille sur l’enfant qui danse dans le ventre.
Comme le gros cristal du sacrum, il est peu mobile, mais essentiel à la mobilité. Il est comme une clef de voûte dans cette zone du bassin qui est la source du mouvement.
Le Sage-Sacrum pointe une direction sans la montrer, car tout est à écrire, et pourtant chacun de nous possède des lignes de forces essentielles qui nous rendent apte à un chemin unique.
Il nous fait sentir lorsque nous sommes sur ce chemin où nous bâtissons un avenir congruent, où la force de vie va croissante plutôt qu’en éclatements schizophrènes… le Sage tempère sans freiner, le Sage encourage à se lâcher sans mettre en danger.
Ce chemin de vie que les amérindiens nomment chemin rouge n’est pas hors de nous. Il n’y a qu’un endroit où nous pouvons le rencontrer : dans ce corps merveilleux, dédié à notre alchimie sur Terre, dans ce creuset de vie.
La saison nous invite particulièrement à aller en dedans de soi pour contacter cette sagesse et préparer l’heure où les bonnes graines rejailliront.
Nicolas Bernard