Je prends la parole en tant qu’homme
Je prends la parole en tant qu’homme, c’est-à-dire en tant que mâle de l’espèce Homo sapiens qui a pris, on le sait, depuis pas mal de temps la position de superprédateur absolu sur cette planète.
Je prends la parole en tant qu’homme et pas seulement en tant qu’humain, parce que je suis conscient que plus de 90% des violences et particulier des viols sont perpétrés par les personnes de mon genre, et les femmes en sont les principales victimes… ainsi que les enfants. C’est une réalité, une réalité horrible, encore totalement présente, issue d’une longue histoire, et je pense qu’il n’y a pas d’issue possible à cela si les hommes comme moi n’en prennent pas la pleine mesure.
À cause de cette réalité présente et de ce passé, nous devons nous rappeler, nous les hommes, que nous sommes potentiellement vécus comme une menace par les femmes et les enfants. C’est comme ça, et c’est justifié. Notre responsabilité est d’en tenir compte dans nos comportements. Cela ne veut pas dire s’autoflageller de ce que nous avons nous-mêmes fait ou de ce qu’ont fait nos pairs, mais prendre ce contexte pleinement à bras le corps et œuvrer pour que progressivement les hommes ne soient plus vécus comme des menaces, mais comme des sources de sécurité et de protection, des appuis participants à la vie sous tous ses aspects.
On pourrait, en un résumé rapide, dire que les hommes se comportent depuis des siècles comme des petits garçons exigeants qui cherchent la reconnaissance en se chamaillant entre eux, en cassant tout, en laissant leurs instincts et frustrations s’exprimer sans freins et en trouvant normal d’être excusés sans cesse.
Que ce soient pour les abus de pouvoir, pour les guerres, pour les exploitations et pour les viols de femmes et d’enfants, on voit combien les lois, faites principalement par des hommes, sont complaisantes !
En tant qu’homme, je m’insurge contre l’actualité et les lois dites « protectives » qui fixent un âge de consentement sexuel à 13 ans ! Et je m’insurge également contre ceux qui protestent contre cette loi pour amener l’âge de consentement à 15 ans !
Pourquoi 15 ans ? C’est n’importe quoi ! Comment un ou une mineure pourrait mesurer réellement la portée de son consentement avec un adulte ? Comment un adulte peut-il décemment avoir des relations sexuelles avec un mineur même si celui-ci ou celle-ci semble consentante ou même en demande ?
Confusion totale
Nous sommes dans la confusion totale où on oublie quelle est la fonction d’un adulte par rapport aux enfants et aux adolescents ! C’est choquant et symptomatique de notre société désordonnée. Si des gens trouvent normal d’avoir des rapports sexuels avec des mineurs, c’est qu’ils sont complètement ignorants des besoins d’un jeune pour entrer pleinement, sainement dans le monde des adultes… et c’est certainement que ces personnes majeures ne sont pas adultes elle-mêmes pour autant !
Devenir biologiquement sexuellement actif à l’adolescence ne veut pas dire que l’on est adulte, loin de là ! L’adolescence est un âge d’expérimentation où le besoin de cadre clair et de sécurité est primordial. Il est tout à fait possible qu’un jeune, enfant ou adolescent, ait du désir pour un adulte… mais la place d’un adulte est alors de reconnaître la beauté de ce désir ET de le dissocier complètement, fermement de l’acte !
Il est beaucoup plus constructif pour un jeune de s’entendre poser une limite, sans aucune trace de culpabilisation, que d’être embarqué dans une histoire dont il n’a aucun moyen d’appréhender les conséquences psychologiques futures.
Nous ne parlons même pas ici de ces psychologues, juges, juristes, qui continuent à minimiser l’effet du viol lui-même et qui peuvent même affirmer que lorsque cela est effectué par des personnes proches (parents, amis), l’impact est négligeable ! C’est honteux, répugnant… signe d’une immaturité profonde de la société.
En tant qu’hommes, en connaissance objective des dérives liées à nos instincts sexuels qui ont engendré viols, violences, abus de pouvoir, domination, guerres, nous devrions être fermement décidés à rendre impossible toute transgression entre les âges de la vie, ne serait-ce que par sécurité élémentaire. Le contexte sociétal global est trop blessé, trop marqué de traumatismes pour que nous prenions la moindre liberté avec des concepts aussi douteux que « consentement de mineurs avec un adulte » ou « amour sincère entre majeurs et mineurs » !
… et même s’il y avait réel amour entre majeurs et mineurs, alors raison de plus de laisser passer quelques années, de laisser murir les fruits, de créer un espace de sécurité pour ne pas blesser la vie !
À tous les niveaux notre société blesse l’insouciance : depuis la banalisation des abus sexuels sur les jeunes (comme sur les majeurs), jusqu’à la destruction des espaces de vie sauvage, en passant par tous les niveaux de vulgarisation de ce qui est vivant, sensible, délicat, précieux. Il est temps de changer cette dynamique qui nous mène à notre perte.
Remettre le fragile au centre !
En tant qu’homme, je prie avec ces mots pour que notre société se réveille et réinvente une autre façon de manifester sa force qu’en détruisant.
Nicolas BERNARD
Anne Ena et Nicolas animent des stages dont l’esprit central est de rétablir notre capacité à « construire l’adulte en soi ». Un stage est particulièrement axé sur l’énergie sexuelle :
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