L’hiver arrive.

Comme le point qui vient marquer l’instant de mort ou de renaissance,

je suis cette bascule subite dans l’univers de la nuit et des arbres défeuillés.

Je suis la radicalité qui sans transition plonge au plus profond.

Tout s’est déroulé, les rires et les heurts, les débordements de vie. Les hésitations.

Après quelques mots à peine descendants, tout s’est effondré dans le roc.

Je cristallise l’entièreté de ce qu’il y a derrière nous en une chose minuscule.

Je suis le Coccyx.

J’ai été précipité pour former le minéral-mémoire.

Solutions qui se précipitent au fond pour dire en un signe leurs danses passées.

J’ai été à ce point où tout s’arrête. A peine un instant.

Tu ne l’as peut-être pas vue, pas sentie cette faille… mais moi j’y suis allé !

Je me suis glissé pour tomber, j’ai vu le silence et je le ramène doucement à la surface.

Je suis l’Ermite qui revient du plus profond avec son petit os comme une lanterne.

Je sais l’essentiel, le plus simple, le plus pur.

Cette lumière gagnée dedans va nous accompagner jusqu’au renouveau des jours.

Mais avant, nous avons encore quelques pas à faire sous la Terre !

Profitons de ces jours courts pour reposer nos sèves à l’abri !

Profitons de ces jours lents pour apprécier nos racines !

Nicolas BERNARD

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