Crédit image : Jérôme Obiols
POÉSIE FURIEUSE D’AUTOMNE.
Alors que l’hiver vient,
que la pluie bat la lande, que la neige tombe drue,
sous les vêtements épais le cœur bat chaud.
Alors que partout les vents sifflent et annoncent d’autres rafales,
que les loups ont faim et sont légitimes d’avoir des crocs,
que les petites bêtes ont peur et ont raison d’avoir froid,
les bras forts ont assemblé le bois depuis longtemps, et le feu est clair.
Alors que les montagnes se dressent noires dans l’horizon vertical,
que le jour est si court qu’il faut sortir dans la nuit pour capter la lueur fragile,
que la vie et la peur sont une seule et même chose,
nous avons dressé un autel de parole auprès de la cheminée.
Tandis que le jeune homme court presque nu sous la tempête,
que le jeune guerrier exerce sa vigueur contre le froid,
qu’il rit de ses dents carnassières, aussi vif que la proie,
nous avons posé nos outres à mots et nous apprêtons à les dévider lentement.
L’hiver sera long.
Sous la peau de notre hutte, à la lisière du connu de la forêt,
nous nourrirons la flamme de nos paroles,
les histoires couleront de notre gorge,
nous raffermirons le lien à ce qui vibre en nous.
La petite graine germera tranquille, arrosée des mots bien pesés,
le petit cristal essentiel trouvera ses ramifications osées.
L’hiver sera bon.
Nicolas BERNARD
Poésie en lien avec l’archétype de l’Ermite : Les Cartes du Corps.
Crédit image : Jérôme Obiols
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