Le temps de l’affirmation

La durée des jours augmente, mais le printemps est encore loin : c’est une période où nous sommes déjà en chemin vers le reste de l’année, et où certainement des choses se sont déjà décidées.

Chaque début d’année est porteur d’une essence ou d’une impulsion particulière. Comme l’enfant qui est un « point zéro » d’où tout jaillit et où tout va retourner. L’enfant « sait » qui nous sommes. Ceci est une base saine pour construire la suite.

C’est certainement maintenant, soutenus par l’énergie de l’année, que nos envies et non-envies sont les plus fiables à écouter.

Si tout était en ordre, nous devrions être, de toute notre intelligence, à l’écoute de ces affirmations internes… ainsi nous irions ensuite dans des chemins plus faciles et solides à la fois.

Écouter les Oui et les Non

L’enfant sait très simplement dire « Oui » ou « Non ». Ces deux expressions sont très instinctives, mais doivent être considérées comme sacrées : avec elles notre enfant intérieur prend forme et la vie peut se déployer autour de lui au lieu de le contraindre.

Tout le challenge est de savoir écouter les messages clairs, instinctifs du corps, non pas pour se « soumettre à ses caprices », mais pour considérer que ce qui s’ouvre ou se ferme dans notre corps est le reflet d’une intelligence très profonde qui parle de ce que nous sommes.

Notre problème est que souvent nous n’avons pas été réellement « reçus » dans notre enfance dans la profondeur de nos Oui et Non, qu’ils aient été ignorés, écrasés, ou comblés sans intelligence adulte (on dit « gâtés »).

Pour beaucoup d’entre nous, nous avons du dire oui aux autres, à certaines attentes, situations, tout en disant profondément non dedans… et ces grands Non restent souvent bien enfouis mais très actifs tout le reste de notre vie, créant cette sensation que la vie est pénible, grinçante, sans joie, sans élan.

Quelque chose en nous n’est pas entendu, et comme un enfant mécontent dit « Non ».

Nous ne pouvons pas écraser ces Non, ils sont « plus forts que nous ». Nous devons réapprendre à les écouter, leur donner de la place sans forcément leur obéir. L’objectif est surtout de les détendre : derrière ce qui bloque, il y a en réalité quelque chose de précieux, une inspiration pour notre vie qui peut se donner lorsqu’elle est entendue.

C’est l’objectif de réapprendre à dialoguer avec son corps….

Le gros intestin et l’archétype du Fier

La zone du corps associée à ce moment de l’année et qui incarne complètement cette fonction de Oui et de Non est le gros intestin. Pour cette raison, nous appelons cette zone du corps « Enfant Fier ».

Dans le colon se termine la digestion, on y décide ce que l’on va évacuer ou conserver, en particulier l’eau, qui est réabsorbée : il y a bien un choix là, un Oui ou un Non qui met un point final au processus de digestion.

De la même façon, nos excréments sont posés au sol comme une affirmation constructive, qui ensemence l’humus : d’une certaine façon, le Non est une source de Oui… et de vie.

Il est remarquable qu’en psychanalyse, au « stade anal » de développement, l’individu acquiert simultanément la capacité de dire non et l’autonomie à faire ses selles.

Enfin, d’une certaine manière, le Fier donne forme aux impulsions de l’enfant : ceci se retrouve dans le fait que le gros intestin fait tout le tour du ventre, comme s’il était là pour le délimiter.

La joie et le besoin de sécurité

À l’origine, le Fier est comme un enfant éclairé : il pose des limites, par un Non sans arrière-pensées. Ses envies sont une véritable loi. Il est une vraie source de joie : s’affirmer est simple et donne de l’énergie.

Pour l’enfant, c’est comme de créer un territoire de jeu qui rend heureux de vive ici sur Terre dans la matière.

Le fier peut peut bousculer l’ordre établi, c’est normal, comme une source qui amène plus de vie.

Il a besoin d’enveloppement intelligent, comme de parents qui ne l’étouffent pas en le couvant, mais qui sentent profondément quelle est son essence et qu’est-ce qui lui correspond.

De la même façon, écouter le fier en nous consiste à veiller intelligemment sur ce que l’on laisse entrer dans notre sphère à l’écoute de nos ressentis. Tout n’est pas bon pour nous, et notre corps est un bon guide.

Par ailleurs, pour pouvoir déployer cette qualité de fierté, nous avons besoin de pouvoir nous adosser, comme les enfants vivant en tribu peuvent le faire contre la communauté des anciens : la sécurité et le stable en arrière de soi aident à se sentir légitime de ressentir ce que l’on ressent et donc s’autoriser clairement à dire Oui ou Non.

Les symptômes du colon

À la lecture de ce que nous avons dit plus haut, nous pouvons supposer que les symptômes du colons et de l’anus ont un rapport avec une difficulté d’affirmation claire, saine, instinctive de ce qui est OK de ce qui ne l’est pas…

Dans une société où écouter les besoins profonds de chacun est un savoir-faire qui reste encore à enseigner, les raisons peuvent être multiples : sentiment de honte, d’illégitimité…. pouvant aller jusqu’à la négligence de soi (diarrhées?) au ressentiment profond et l’incapacité de passer à autre chose (constipations ?) … et à la souffrance de ne pouvoir vivre sa joie au milieu des autres (irritations de l’anus, hémorroïdes?)…

Le message du Fier

« quand est-ce que tu prends le temps de donner de la valeur au fait de ne pas avoir envie ? »

« apprécies-tu tes envies, indépendamment de savoir si tu vas les accomplir ? »

« Sais-tu te mettre au centre ? Dire moi d’abord ? »

Nicolas BERNARD