La saison forte et sensible
À cette époque de l’année, c’est-à-dire début Mars, nous assistons à un mélange de puissance et de délicatesse qui pousse à s’incliner devant la vie.
C’est toute la symbolique du chevalier serviteur, tout de raffinement et de précision. Une force affûtée, consciente que sa raison d’être et sa réelle noblesse se définissent non pas dans ce qu’elle est en elle-même, mais au service de ce à quoi elle se voue : le chevalier serviteur est puissant mais sait s’effacer pour soutenir son roi et sa reine, pour leur permettre de briller et de remplir leur véritable fonction. Le chevalier serviteur se distingue à la cause qu’il sert.
Dans la nature, la poussée racinaire est bien là, et les premières fleurs sortent, les premiers bourgeons sont déjà perceptibles, il y a une qualité de frémissement dans l’air si particulière à ce début de printemps. Il y a à la fois de l’élan et de l’abandon. Le rythme de la vie est en chemin, tambourinement délicat… une direction est prise.
La délicatesse du pied
Dans notre corps le pied et la cheville sont ce chevalier serviteur. Chevalier parce qu’il font partie des jambes qui sont ce qui nous met en mouvement, ce qui prend appui sur les forces de la terre pour nous ériger… ce qui est le plus musculaire et fort en nous !
Et Serviteur pour de nombreuses raisons !…
La première raison est cette délicatesse incroyable du pied. Tous les petits os qui le constituent sont une véritable dentelle ! Nous aurions pu avoir des sabots, mais non ! Alors que tout notre poids repose sur ces deux pieds (et non 4 pour la plupart des mammifères), notre corps a choisi de se donner d’une assise souple, adaptable, polyvalente, légère. L’anatomie du pied montre combien nous sommes fait pour le rebond, pour le contact délicat. Et avec une peau sensitive !
J’aime à dire que le pied ne porte pas le poids, mais que le pied palpe le sol. Nous sommes des danseurs, nos pieds jouent avec la Terre. Nos pieds sont ce printemps bourgeonnant… et il a été montré combien la marche et la course pieds nus, nous obligeant à la délicatesse, était bonne pour tout notre corps ! La liberté du pied est au service de notre santé.
De là nous pouvons déjà interpréter différents symptômes !
Un pied plat, c’est, malgré une belle adhérence au sol, une forme de lassitude, une perte de rythme ou de rebond… peut-être un état d’esprit qui attend que les choses se produisent d’elles-mêmes, un besoin profond de se sentir porté.
Une arche plantaire trop formée peut traduire à l’inverse un manque de confiance, une sur-tendance à l’action, à ne compter que sur soi-même.
Toute raideur dans les pieds peut refléter une croyance ancrée que la vie est dure, et qu’il faut être dur pour avancer… comme bien sûr toute blessure, choc, fracture.
De même l’excès de corne au pied est une diminution de la sensibilité, une protection renforcée contre ce qui vient du sol, un manque de confiance dans les soutiens que la vie amène… peut-être nourrie de l’expérience d’avoir soi-même été choqué par un manque de délicatesse !
… et bien sûr nous pourrions dire beaucoup de l’observation de la démarche d’une personne rien qu’à sa façon de poser ses pieds !
Le redressement sans effort
La deuxième raison pour laquelle pieds et chevilles sont des « Serviteurs » c’est le redressement. C’est le lien entre horizontale et verticale.
Le pied, comme le chevalier serviteur, est couché sur le sol de toute son horizontalité. Il en épouse la force vitale, s’en imprègne et va pouvoir comme une respiration la transférer vers la verticale. Ce prodige de dresser tout le corps vers le ciel, posture unique dans le règne animal, s’opère à un endroit précis de la cheville, l’os « astragale ». Il est formidable que cet os porte ce nom : il évoque la porte des astres, ce qu’en effet il est symboliquement. Il est aussi remarquable que ce soit un des seuls os du corps dénué d’attaches musculaires… ce qui semble indiquer encore beaucoup de délicatesse dans cette opération de redressement : le corps humain est fait pour se montrer dans sa hauteur… sans effort ! On parlerait plutôt, donc d’élévation !
Ce chevalier-serviteur que sont les pieds et chevilles semble avoir une épée, qui comme dans les contes est avant tout baguette magique !
Il offre à notre corps cette grâce d’être debout !… et comme notre colonne érigée représente notre souveraineté dans le monde, nous sommes pleinement dans l’imaginaire de l’archétype du chevalier serviteur. Discret par le volume qu’il occupe dans le corps, indispensable par sa fonction.
Ces notions nous permettent de donner du sens aux pathologies de la cheville. Entorses, fractures, raideurs générales sont des signes de difficulté à se montrer sans effort… peut-être parce que l’on croit, encore une fois, qu’il faut lutter « seuls contre les autres » pour avoir le droit d’exister, ou que simplement on doute de notre droit à recevoir des appuis moelleux…
Les affaissement de la cheville peuvent aussi refléter une forme de « à quoi bon », où la motivation à se montrer n’est pas claire.
Prendre des directions
On dit souvent des pieds qu’il indiquent notre capacité à prendre des directions. Cela est aussi en partie vrai dans ce symbolisme, mais de manière indirecte : l’impulsion du mouvement vient du bassin dont la fonction est de nous mettre sur notre chemin, et les jambes sont simplement au service de cette direction… et c’est en cela que les pieds sont des danseurs qui palpent le chemin pour en recevoir la vitalité… et que finalement notre poids ne pèse pas sur eux, mais flotte depuis le bassin…
Par contre, dans cette palpation qui est au service de ce qui redresse, il y a bien une notion de direction. C’est comme une attention constante que cet archétype a en permanence en nous : au service de quoi est-ce que je met ma force ? Est-ce que mes efforts, mon énergie sont bien au service de ce qui me rend plus digne, noble, souverain ?
Le message du Serviteur
Ces questions sont celles qui se posent particulièrement en cette première moitié de Mars. Elles sont déterminantes pour le reste de l’année. Trop souvent nous faisons trop d’efforts, trop souvent nous nous diminuons au lieu de nous dignifier par nos actions. Avant que le printemps batte son plein, c’est le moment de se poser au sol, d’en respirer la fraîcheur, de détendre ce qui est dur dans notre vie et de choisir de placer en priorité ce qui va ouvrir la « porte des astres »… et l’univers s’en réjouira avec nous !
Quelque soit la saison, cette question peut-être reposée, particulièrement lorsque l’on trime, que l’on se sent esclave de la vie… se relier alors de nouveau à la délicatesse du serviteur, au redressement facile, à la danse avec la vie… et agir depuis là !
Nicolas BERNARD
Bonjour monsieur
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Les cartes sont en cours de réédition. Elles seront disponibles en Mai-Juin