La détente de l’équilibre
Autour de l’équinoxe, quand le jour et la nuit sont d’égales importances, le connu et l’inconnu se côtoient et les limites sont ténues entre ces deux espaces.
Très clairement, les veillées passées ensemble prennent plus d’importance, une forme de repos s’installe… ce n’est plus le moment de s’agiter, mais de mettre de la respiration dans les espaces existants. Cette phase de l’année appelle à faire le point… non pas pour évaluer, juger ou tirer des conclusions… mais pour donner du poids à ce qui a été accompli, à ce qui est là sous nos yeux.
C’est la saison de donner de la présence avec la même douceur que ce qui nous est offert dans les sous-bois lorsque nous y cherchons les champignons et les châtaignes… une attention tranquille !
La spécificité humaine de la vue
Nos yeux voient, c’est un fait… et ce sens a une importance primordiale pour notre espèce qui le privilégie aux autres. Beaucoup de nos fonctions psychiques « humaines » y sont reliées.
Notons en particulier que nous avons une capacité de focaliser notre attention qui semble particulièrement développée, de laquelle découle la possibilité de hiérarchiser les informations, de les classer, de leur attribuer une importance relative et de là, éventuellement, de juger !… et il se trouve que notre œil a la singularité dans le monde animal de posséder une « fovéa » : une zone centrale plus sensible qui permet de pointer notre regard, de regarder avec précision et donc de décrypter l’espace dans ses détails.
Cette capacité de précision du regard peut nous rendre puissants… mais aussi durs !… Garder la possibilité de regarder de manière ouverte, défocalisée, requiert une véritable discipline ! Ce que la méditation ou les pratiques centrées sur le corps permettent… à condition de vraiment le pratiquer, sans quoi notre mental orienté, jugeant, catégorisant, hiérarchisant a tôt fait de reprendre le pouvoir.
La bienveillance et l’archétype du veilleur
L’équilibre entre focalisation et ouverture est comme cet équinoxe de l’automne.
Un regard équilibré donne une présence bien-veillante… c’est pour cela que l’on nomme cet archétype « le Veilleur ». Fondamentalement une présence qui voit sans juger, qui pose des limites qui n’enferment pas mais définissent un espace dans lequel la vie peut se déployer et l’inconnu peut émerger. C’est comme un enseignant qui a confiance que les enfants sont faits pour apprendre et que leur appétit de connaissance va naturellement venir dans un espace sécurisé.
Le veilleur protège donc grâce à sa capacité à voir avec précision à ne laisser entrer dans l’espace que ce qui est bon pour la vie.
Le cadre et la liberté
Le veilleur est comme l’immensité du vide qui habite le cosmos : un vide qui existe parce qu’il y a des étoiles pour le contenir, parce qu’il y a des structures atomiques et moléculaires pour le définir.
Nous savons qu’entre tout ce qui est manifesté, il existe, dans le vide, une énergie potentielle gigantesque.. au moins 2/3 de l’énergie totale de l’univers n’est pas manifestée… c’est gigantesque… et c’est là, à la lisière du connu.
C’est certainement pour cela que l’équinoxe est célébrée partout : un point de bascule singulier entre ordre et non-manifesté… un endroit, certainement où nous pouvons être reçus dans la totalité de ce que nous sommes et où nous pouvons recevoir de grand réservoir de non-manifesté ce qui nous manque encore…
À chaque instant, c’est cette danse entre ordre et imprévu qui est à l’oeuvre dans la nature, et nous ignorons beaucoup de la manière dont ces espaces communiquent. L’équilibre, c’est un cadre qui ouvre des possibilités au lieu d’enfermer.
Comme le disait la grande enseignante de danse libre chamanique Gabrielle Roth (les 5 rythmes) : « As-tu la discipline d’être un esprit libre ? ».
Pathologies des yeux et de la vue
Par manque de cadre clair, ou clairement bienveillant, beaucoup d’entre nous ont le regard tendu depuis le plus jeune âge pour trouver des repères valables à sa propre survie. Peu d’entre nous ont confiance dans le cadre qui leur a été proposé et le cadre en général… nous savons combien ce mot même réveille des réactions variées.
Un enfant a besoin de cadre de sécurité pour grandir et tout individu adulte également… alors nous pouvons nous battre contre ou en devenir fanatiques… mais tant que la paix n’est pas trouvée, nos yeux ne sont pas en repos.
La grande variété des troubles de la vue est certainement le reflet des différentes positions possibles vis-à-vis du cadre… hyper tension, flou, perte de repères à courts terme, ou à long terme, abandonnisme…
Le message du Veilleur
« Quel rapport as-tu au cadre? »
« De quel cadre as-tu besoin pour te sentir en sécurité et donner le meilleur de toi-même ? »
« De quoi aurais-tu besoin pour te sentir en paix ? »
Nicolas BERNARD
Plus d’infos sur ce symbolisme : “Les Cartes du corps“
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